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Le blog de Bernica

LA POLITIQUE, MA RAISON DE VIVRE

5 Juillet 2016 , Rédigé par Bernica

        Je suis fier aujourd'hui. J'ai travaillé dur, je me suis battu et j'y suis presque arrivé.

   Mon père et ma mère sont des politiciens chevronnés, pratiquement inconnus du grand public, ils travaillent en "sous couches", comme ils disent, pas vraiment de responsabilités, mais de l'argent. Ils ont parfaitement réussi. Inonnus mais riches. Ils nous ont toujours dit: -" Rappelez-vous mon fils et vous ma fille, la politique n'est pas un métier. Il faut savoir décrocher avant d'en faire trop". Ca fait 40 ans qu'ils exercent leur travail qui n'est pas un métier. Ils gagnent très très bien leur vie. Pour eux, décrocher n'est pas pour demain. J'ai souvent assisté à des réunions avec leurs collègues pas très nets, des plus très jeunes, pour la plupart, ceux qui connaissent bien la filière et ses entourloupes. Tout ce grand monde travaille beaucoup aux tables des grands restaurants, le midi et le soir. Ils finissent leurs discussions bien arrosées, au théatre, à l'opéra, dans les soirées mondaines ou au siège de leur parti. Tous ces petits débordements sont évidemment offerts par leur parti. Il m'est arrivé de voir une note de frais rédigée par mon père, 7889,92 euros, pas de quoi ameuter les foules.

    J'ai souvent entendu dire que c'est ce genre de famille qui provoquent chez leurs enfants, des délinquants en cols blancs avec des conséquences redoutables. N'importe quoi. On a vécu dans l'opulence... et alors? Mes parents n'ont pas de morale, certes, mais ils ont de gros moyens. Ils n'ont pas inventé les marginaux, ceux  qui se complaisent dans leur petite vie, leurs petits revenus, qui sont exclus de la vie des grands. Tout le monde ne peut pas s'offrir du champagne de qualité, les petites gens préfèrent souvent le mousseux. Après tout, ça n'est pas plus mal, je ne pense pas que leurs palais feraient la différence. 

   Mon père et ses potes se réunissent tous les jours pour mettre au point les grandes stratégies, des magouilles pour gonfler leurs portefeuilles. Ils pensent aussi aux citoyens français qu'ils contrôlent ou vont contrôler un jour, peut être. Dieu merci, ça n'est tout de même pas leur priorité. Lorsqu'ils reviennent des ministères, de l'hôtel Matignon ou de l'Elysée ou encore des grands rendez-vous politiques, ils ont souvent  des grosses enveloppes qu'ils mettent au coffre.

   Ma soeur et moi, nous sommes assez seuls. La raison est très simple, mes parents sont trop occupés pour nous consacrer du temps en famille, On a bien profité de leur expérience professionnelle. Après tout le reste, je m'en moque bien.

    Il faut se consacrer uniquement à la politique pure et dure, avec tous ses coups tordus, disent ils,  Il faut admettre que tous les autres sont des "merdes" (dixit mon père) et que la seule façon de percer c'est de trahir même sa propre famille si l'enjeu en vaut la peine. Ma soeur n'a pas compris cela. Elle a commencé par se droguer avec tout ce qui passait à sa portée, elle a basculé dans l'alcoolisme a 14 ans et elle a suivi la filière infernale pour en arriver à la drogue dure, je ne pense pas qu'elle se  prostitue pour trouver de l'argent, mais ça la regarde l'imbécileElle a suffisamment de moyens pour acheter ses cochonneries à tous ces traînes savates qu'elle rencontre régulièrement.

  Mes parents ne voient rien, c'est normal, ils ne peuvent pas être partout. Les deux domestiques que nous avons essayent bien de la raisonner mais tout ce que ma soeur trouve à dire c'est: "Je veux seulement voir mon père et ma mère chez nous, qu'ils pensent à nous, qu'ils nous disent: "Vous êtes mes enfants, je vous aime". La pauvre frangine, aucune fierté. Elle ne se doute pas que la vie n'est pas facile, qu'il faut avancer, écraser tout le monde, ne penser qu'à l'argent et au pouvoir, le reste n'a aucune valeur et surtout aucun intêret. Mes parents nous donnent de l'argent, beaucoup, de l'amour non. Ca tombe bien,  pour moi ce sont, avant tout, des pourvoyeurs d'euros. Ma soeur n'a pas compris cela non plus. Je ne vois pas ce que l'amour filial aurait pu changer dans son comportement.

   Les 250 euros d'argent de poche que nos parents nous donnent chaque semaine nous permettent tout juste de mener une vie parallèle. En étant malins, on peut avoir des rallonges. En ce qui me concerne, je dépense dans les restos, avec les copains, on va souvent aux putes aussi, les restaurants, ce sont ceux que nos parents fréquentent régulièrement, les bordels sont ceux où mon père a ses entrées. Ma mère voit régulièrement ses amants à l'hôtel, on en connaît quelques uns. Je magouille avec les additions de bouffe et je fais mettre  des passes sur le compte du paternel. Le tout, que j'ai vaguement évalué, représente à peine la valeur d'un SMIG mensuel, 2500 euros je crois. Pas de quoi s'affoler. Lorsque mon père vérifie ses comptes chaque mois ou presque, et qu'il se rend compte que j'ai triché, il me fait appelé dans son bureau par son majordhomme et me félicite pour l'exercice de style que j'impose. -Mon fils, me dit-il, je reconnais bien là les manoeuvres tordues de la famille... C'est la voie à suivre... Bravo. Tu as compris que la vie n'est pas un long fleuve tranquille. La seule façon de se faire une place dans ce monde de bruts, c'est de tricher. Regarde où nous en sommes, ta mère et moi avec nos méthodes. Il faudra que ta soeur comprenne cela un jour et je te charge de la remettre dans le droit chemin. Je sais qu'elle boit et qu'elle se drogue ou plus, je n'ai malheureusement pas le temps de m'occuper de ces pécadilles.

 

   Lorsque nous prenons nos repas dans la grande salle à manger Louis XV, Nicolas, le domestique nous sert. Toujours très professionnel, beaucoup de classe. Mes parents sont rarement présents ou alors ils passent en coup de vent. Ma mère donne les menus de la semaine, chaque lundi. C'est toujours très fin, très bon mais trop copieux, on en laisse beaucoup, surtout que ma soeur mange  peu, par contre elle finit toujours la bouteille de vin.  Si je peux me permettre un trait d'humour, nous laissons largement de quoi nourrir un village africain, il faudrait qu'ils  viennent chercher les bons restes ces jeunes affamés, sinon ça reste dans la poubelle. 

 

   Lorsque nous quittons la table, après avoir jeté nos serviettes blanches par terre, pour voir les réactions de Nicolas qui nous énerve un peu avec son air pincé, nous lui ordonnons de nous servir le café dans la bibliothèque, pas que nous ayons l'intention de lire, ou de frimer, mais  pour le faire marcher, surtout qu'il boîte un peu  et  voir sa tête s'allonger. Généralement les tasses restent pleines, pour l'emmerder. Il arrive que ce domestique se plaigne auprès de mon père, pour notre attitude, mais mon vieux sait le remettre à sa place rapidement. Les deux larbins sont, je crois, des immigrés qui ne font qu'une petite soixantaine d'heures de travail par semaine. Comme dit si justement mon père: "Si on les laisse faire, ils vont bientôt réclamer des vacances et le paiement des heures supplémentaires".

 

   L'après midi, après une sieste méritée puisque je rentre chez moi  assez souvent tard, je me rends aux diverses réunions du parti, ou chez l'un ou l'autre de mes camarades de promotion et nous bâtissons avec minutie notre prochaine notoriété. On rigole bien. On picole bien aussi. Nous sommes, la plupart du temps encadrés par des "caîds" de la "profession" qui nous apprennent à rassembler nos idées, à écrire des discours, à les exposer, à créer des textes de lois qui n'ont pas grand intêret. Quelques fois, tout de même, quelques uns de ces textes font leur chemin et sont soumis en haut lieu. Comme dit notre professeur:" Il arrive que les législateurs soient à court d'idées et qu'ils reprennent un texte débile de notre composition pour en faire une loi stupide. Pour les discours, l'important  c'est de ne jamais dévoiler le côté funeste de vos projets. Comme dit Monsieur Laplace:" Il faut toujours donner l'illusion d'en savoir plus que tout le monde, il faut promettre de veiller au bien être des Français, les rassurer. Evidemment vous vous tenez informés par les journaux toutes tendances, la télé, vous promettez de faire disparaître les problèmes du moment, vous ne dites surtout pas comment vous allez vous y prendre puisque de toutes façons vous ne savez pas, d'ailleurs personne ne sait. Puis, lorsque vous avez terminé votre discours, il faut absolument tout oublier et profiter de la vie"

 

   Si je dis que je suis arrivé à me faire une petite place en politique, c'est d'abord parce que je suis  jeune, mais aussi et surtout parce que les relations de mes parents m'ont beaucoup aidées. En effet, mon père et ma mère  ont su bâtir, au cours des années, des dossiers compromettants sur beaucoup de leurs amis  et ce gentil petit chantage amical leur permet d'obtenir satisfaction pour mon avancement et bien d'autres choses. 

 

   Dernièrement, je suis monté en flèche dans la hiérarchie grâce à un texte de loi que j'avais pondu à la va vite, auquel je ne croyais pas du tout mais qui a plu à un des responsables de mon secteur. Je vous le livre en cadeau. Il est question de le transmettre au bureau législatif et de le faire figurer à la place d'honneur:

 

   Loi n°1893225749/RF/16/B12/alpha

    Tout touriste circulant sur la voie publique, en France, qui ne répondra pas à une question de géographie de la France, posée par des policiers, sera menacé d'expulsion immédiate ou  d'une mise en examen s'il  garde  une attitude humble. Cette mise en examen se déroulera dans un Lycée de la région du délit et sera du niveau CM 2. Les policiers auront la charge de corriger les épreuves et de les noter sur 20. Toutes notes inférieures à 10 entraînera une obligation de travail d'intêret général équivalent aux nombres de points inférieurs à 10. Exemple: 9 égalera 1 jour, 6: 4 jours de travail.

 

   Voilà, je me sens important et j'ai la profonde conviction de servir mon pays, mais surtout, je pense à ma bourse et à tous les retours en euros auquel je peux prétendre. Pour être franc je me fous un peu du pays et ce que je vois avant tout, c'est le pognon qu'on peut tirer de la tirelire de l'Etat.

    Je suis sûr que vous êtes d'accord avec moi et que le jour ou j'aurais à faire appel à vous, vous sererz me remercier en votant pour moi.

 

                                                                    BIEN A VOUS            BERNICA

 

                                     

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